- VAN MIERIS (LES)
- VAN MIERIS (LES)VAN MIERIS LESFamille de peintres néerlandais originaires de Leyde. Portraitiste et surtout peintre de genre, Frans van Mieris le Vieux (1635-1681) est, avec Gérard Dou, son maître, un des meilleurs représentants de la peinture «fine» qui, s’inspirant du clair-obscur et du rendu illusionniste introduits par Rembrandt en 1630, va devenir une spécialité de l’école leydoise dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Fils d’un orfèvre, il est né à Leyde où toute son existence se déroulera. Il a pour premier maître Abraham Torenvliet, peintre sur verre réputé; puis il entre pour quelques années dans l’atelier de Gérard Dou, et, après un court séjour chez le peintre d’histoire Abraham Tempel, retourne chez Dou qui voyait en lui le «prince de ses élèves». En 1658, il est membre de la guilde de Leyde dont il devient doyen en 1665. Très vite, Mieris trouve des amateurs et des protecteurs, en particulier en la personne du professeur Florentius de Schuijl qui le recommande au grand collectionneur Léopold-Guillaume; et il peindra pour ce dernier la célèbre Marchande de soieries (Gemälde Galerie, Vienne). Le grand duc de Toscane, de passage à Leyde, lui achète des tableaux et lui commande un autoportrait. Le succès de sa peinture, payée à prix d’or, n’empêchera pas Mieris, qui peignait minutieusement et donc produisait peu et qui menait grand train de vie, de mourir ruiné à quarante-six ans, laissant deux fils, Jan et Willem. Ceux-ci, formés par leur père, continueront sa manière, surtout Willem qui la transmettra à son tour à son fils, Frans Mieris le Jeune. Dans ses tableaux, sur bois ou sur cuivre, toujours de dimensions très réduites et dont les premiers remontent aux années 1650, Frans van Mieris le Vieux reprend non seulement les thèmes chers à Gérard Dou, mais ses procédés de composition; ainsi, il utilise fréquemment le motif — dérivé lui aussi de Rembrandt — de la niche en trompe-l’œil qui encadre la scène et l’isole; et, comme chez Dou, la lumière met savamment en valeur les comparses ou les accessoires, tapis, orfèvrerie, instruments de musique, harnachement militaire, qui jouent un rôle prépondérant dans la scène, tandis que le reste est noyé dans une pénombre transparente. Mais, plus encore que son maître, Mieris excelle dans le rendu des matières, et en particulier des étoffes de soie ou de velours, façonnées d’ombres profondes, et son coloris est à la fois plus vif, plus tendre et plus raffiné. La virtuosité technique devient souvent chez lui l’essentiel du tableau: si dans les scènes de genre comme La Marchande de soieries , ou les portraits, comme celui, présumé, de L’Artiste et sa femme Curina van der Cock (Mauritshuis, La Haye), le sens malicieux de la comédie de mœurs, ou celui de l’intimité et de l’épanouissement bourgeois, ajoute au motif un certain intérêt, dans les rares tableaux d’histoire, tels que La Femme de Jéroboam et le prophète Ahija , signé et daté de 1671 (musée de Lille), le sujet, cela est clair, n’est plus qu’un prétexte. Parfois, pourtant, Mieris sait atteindre la vivacité et la verdeur d’un Steen (avec qui il était d’ailleurs lié, passant maintes heures en sa compagnie dans les cabarets) comme dans le Buveur de bière , à l’harmonie chaude, du musée Lakenhal à Leyde. L’art de Mieris présente aussi quelques affinités avec celui de Nicolas Maes et surtout de Gabriel Metsu qui a peut-être été lui aussi élève de Gérard Dou, mais ses scènes sont plus anecdotiques et sa touche, plus finie et léchée, a moins de caractère. Enfin, on connaît quelques dessins, signés, de la main de Frans Mieris, à la pierre noire rehaussée de lavis, sur vélin, qui montrent également un grand sens du clair-obscur. L’artiste eut de nombreux imitateurs, et parmi ses élèves, outre ses fils, on compte un certain K. de Moor, qui peindra plutôt dans la manière superficielle de Caspar Netscher, ou dans le style académique d’Adriaen van der Werff.Jan van Mieris (1660-1690) est le fils aîné de Frans van Mieris le Vieux. Né à Leyde, il fut élève de son père, puis de Gérard de Lairesse; il peignit des scènes de genre, des portraits et des tableaux d’histoire, essayant d’imiter le merveilleux fini des œuvres paternelles, mais peut-être était-il doué pour travailler dans un registre différent: la peinture d’histoire et les portraits grandeur nature. Après être entré en 1686 à la guilde de Leyde, il part pour l’Italie en 1689, s’arrêtant à Venise, à Florence et à Rome où il meurt, miné, paraît-il, par une ardeur excessive au travail.Second fils de Frans le Vieux, Willem van Mieris (1662-1747) est un peintre de genre et d’histoire. Il naquit à Leyde où il passa toute sa vie. Il fut l’élève de son père, jusqu’à la mort de ce dernier; il avait alors dix-huit ans et était déjà réputé pour son talent. Membre de la guilde de Leyde en 1683, il en est nommé doyen en 1699. On connaît de lui bon nombre de tableaux, de petit format, et quelques dessins, tous signés et datés et s’échelonnant régulièrement de ses débuts, en 1681, jusque vers 1736, date à laquelle l’artiste devient aveugle.Les tableaux de Willem Mieris, qui a d’ailleurs fait de nombreuses copies de scènes de son père pour son protecteur le Leydois Allad de la Court Van den Voort, continuent la tradition de la peinture minutieuse et léchée de l’école de Leyde, telle que la pratiquait Frans Mieris le Vieux. Ses thèmes de prédilection sont des vues de boutiques, boutiques d’apothicaire, épiceries, pour lesquels il reprend, avec une composition encore plus chargée d’accessoires, l’artifice de mise en page cher à l’école leydoise depuis Rembrandt, celui de la baie en trompe l’œil encadrant la scène. Cette baie est souvent ornée de bas-reliefs, comme chez Gérard Dou, qui rappellent que Mieris a également modelé des vases ornés de reliefs. Dans ses allégories, telle Minerve, signée et datée 1685, où le rendu des draperies de soie et de velours a un éclat chatoyant digne de Frans Mieris, et dans ses sujets mythologiques, pour lesquels il adopte le nu désormais admis et en faveur dans la peinture hollandaise, Pan et Syrinx , signé et daté de 1730 (musée de Valenciennes) ou Suzanne et les Vieillards (musée de Bruxelles), les figures ont le canon allongé et classicisant, les visages idéalisés et le modelé lisse caractéristique du goût académique triomphant dans la peinture hollandaise du XVIIIe siècle.Fils de Willem, Frans van Mieris le Jeune (1689-1763) est né à Leyde et mort dans la même ville. Peintre de genre comme son père, dont il fut l’élève et dont il imita les sujets et la manière, mais avec infiniment moins de talent, il fut de surcroît numismate et historien. Bon nombre de tableaux de lui, signés sinon toujours datés, sont conservés dans les musées européens. Ses tableaux tardifs montrent une influence de la peinture française.
Encyclopédie Universelle. 2012.